L’interview "Parcours" de Florence Stevenson, qui a co-fondé avec sa soeur jumelle Brigitte Gadd l'association Cheval d'Espoirs

Il y a des jeunes qui, très tôt, ont connu la violence, l'abandon, la rupture. Des blessures profondes qui laissent des traces : colère, isolement, perte de repères, déscolarisation… Cheval d'Espoirs les accueillent à un moment fragile. Cheval d'Espoirs, c'est une passerelle. Entre parfois des histoires douloureuses… et un avenir heureux et serein.

Bonjour Florence, pouvez-vous vous présenter et nous expliquer brièvement votre parcours ?

Cavalière classique, c’est un cheval dit « difficile » qui m’a amenée à me remettre en question. Je me suis passionnée pour l’éthologie, cette science qui permet de mieux comprendre l’animal, ses codes, son cerveau, la façon dont il apprend.

Quel a été le cheminement pour arriver à la création de Cheval d’Espoirs ? Quel est son but ?

Ma sœur Brigitte, famille d’accueil, avait remarqué les bienfaits des chevaux sur les enfants et jeunes gens difficiles, placés en foyer, qui lui étaient confiés. Elle a alors œuvré pour les intégrer à son travail, en faire de véritables partenaires.

Nos chevaux se glissent dans la peau de médiateurs. Ils s’y adonnent volontiers, sans manifester de résistance, car leurs conditions de vie leur sont favorables. C’est le respect de leurs besoins fondamentaux (la sécurité/vie en troupeau, l’accès à l’eau, à la nourriture au moins 16h/jour et le déplacement) qui les rendent équilibrés mentalement et psychologiquement.

Mon but ? La rejoindre et créer une association pour faire bénéficier de son savoir-faire le plus grand nombre. Cheval d’Espoirs a pour vocation de réinsérer des enfants/jeunes gens qui mettent en échec, la famille, l’école, les structures d’accueil. Brigitte aime dire qu’elle leur « remet le pied à l’étrier ». L’association est née le 12 décembre 2013.

Cette création a-t-elle été dure ? Si oui, comment avez-vous réussi à surmonter les difficultés ?

Dure, oui et non. Le travail en lui-même nous a toujours paru simple, naturel, fluide. Dès lors que vous mettez des enfants révoltés en contact avec la nature et des animaux, vous êtes gagnants. Approcher, s’occuper de chevaux est une école de vie extraordinaire qui réclame attention, constance, respect et bienveillance, sans oublier l’amour, sentiment qui, pour la plupart, leur est devenu étranger. Le cheval fait passer des messages plus vite qu’aucun être humain et de façon incontestable. On ne peut le soupçonner de mensonge. De surcroît, il ne vous juge pas. Un cadeau pour ces êtres cabossés qui ne croient plus en rien.


Les démarches administratives, en revanche, nous ont paru difficiles, voire insurmontables. 

 

Quels ont été les moments clés de votre évolution ?

Dans ce désert d’incompréhension et de refus de subvention, une rencontre déterminante, celle, à l’époque, avec l’adjoint du Député Hervé Mariton. Une formidable oreille attentive et efficace qui nous a orientées vers la demande d’éligibilité à la Taxe d’Apprentissage. Un dossier a été déposé à la Préfecture de la Drôme. Son acceptation fut un tournant décisif pour l’Association, car nos ressources financières ont presque triplé.

Pourquoi le nom « Cheval d’Espoirs » ?

Le logo représente Pégase, ce cheval muni d’ailes. Celles qui permettent un envol vers un avenir meilleur. Espoirs au pluriel, car nous espérons en ramener plus d’un sur le chemin de la réinsertion.

 

Combien de membres, de bénévoles compte votre association ? Quelles sont ses ressources ?

Notre association Cheval d'Espoirs compte de 40 à 50 membres + des bénévoles toute l’année ; difficile de chiffrer, car le désir d’aider se concrétise sous des formes très diverses.

Nos ressources : les adhérents (40€ par an), les donateurs, les sociétés par le biais de la Taxe d’Apprentissage. 

Quel est votre rôle ?

Je suis Secrétaire-Trésorière de l’Association.

Ma formation en éthologie m’amène également à redonner confiance à des chevaux traumatisés par les humains. Nous sauvons des chevaux destinés à l’abattoir. Malheureusement, pas assez… notre petite structure ne nous le permettant pas.

Comment faites-vous pour vous faire connaître ?

Nous sommes une petite association, comme dit plus haut, et nous nous voulons discrètes. A l’évidence, le bouche-à-oreille est notre meilleure propagande. Nous venons d’élire un nouveau Président, jeune et dynamique. Il vient de réaliser un site Internet sensationnel. Je vous invite à le découvrir : www.chevaldespoirs.fr

Par ailleurs, j’ai écrit un roman, Le Ballet d’Augustine, tout récemment publié chez LES LAUREATS-PRISMA PRESSE. Ayant participé au concours annuel de Femme Actuelle qui récompense un primo-romancier.ère, j’ai eu l’incroyable surprise de voir mon roman choisi parmi les 4000 manuscrits. Ce texte est romancé, cependant on décèle « le vécu » dans la relation homme-cheval. Il semble qu’il y ait un véritable engouement pour mon livre, puisqu’à peine un mois après sa sortie il est épuisé. L’éditeur a lancé la réimpression. Il est également en lice pour un autre prix prestigieux, le Prix Pégase ! La vie, parfois, vous fait de ces clins d’œil ! https://amzn.eu/d/1lHngy7 
Ce texte permet de découvrir les trésors cachés des chevaux, ces êtres guérisseurs de l’âme, puisque dotés d’une intelligence émotionnelle exceptionnelle. Le traumatisme d’Augustine, ainsi que ceux des enfants qu’elle côtoie sur le domaine, est le reflet de ce que nous vivons, ma sœur et moi, au quotidien.
Par ailleurs, j’ai voulu œuvrer pour moins de maltraitance (souvent involontaire, causée par l’ignorance) pour les chevaux et plus de sécurité pour les humains. C’est pourquoi j’ai glissé tout au long de cette histoire des principes éthologiques que tout le monde devrait connaître. La science est aujourd’hui à portée de clic, le « train » est en marche vers une autre façon de faire, un autre regard sur les chevaux. Ils ne doivent plus être des esclaves, mais nos partenaires.

Nous ne pouvons plus dire « je ne savais pas »… 

Le Ballet d'Augustine participe aussi à la communication autour de l'association.

Quelles sont vos ambitions et projets futurs pour Cheval d’Espoirs ?

Nos ambitions restent les mêmes depuis le début : aider les enfants et les jeunes gens en perte de confiance, d’estime de soi. Il y a ceux qui se révoltent, il y a ceux qui s’éteignent, tout comme les chevaux maltraités ! Ma sœur Brigitte aide les enfants, j’aide les chevaux qui, ensuite, aident les enfants. Ce cercle vertueux est simplement magnifique ! Un cadeau émotionnel quotidien assuré !

« La » grande qualité quun responsable associatif doit posséder ?

Il y en a 2 qui vont de pair : la patience et la ténacité !

Vos plus grandes joies en tant que Présidente de cette association ?

Je ne suis pas la Présidente, simplement la Secrétaire-Trésorière et protagoniste de cette action. Ma plus grande joie ? Voir un enfant repartir avec le sourire aux lèvres, alors qu’il est arrivé avec un océan d’angoisse dans les yeux.

Vos plus grands regrets ?

Le petit Miguel… du roman… vous comprendrez ! Ma sœur et moi pensons à lui tous les jours. 

 

Ce que le monde associatif peut apporter à notre société ?

Tout ! C’est LA solution ! Des hommes et des femmes de terrain, profondément humains, qui œuvrent avec bienveillance et efficacité tout en ne comptant jamais leur temps !


Site Internet

 

https://www.chevaldespoirs.fr

Réseaux Sociaux 

 

Facebook : https://www.facebook.com/ChevalDEspoirs

 

Allez les Françaises, Allez les Français – Août 2025

Crédits Photos : Association Cheval d’Espoirs

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Olivier Marone