L’interview "Mes yeux dans les Jeux" de Dimitri Jozwicki, para athlétisme, sprint
Dimitri est atteint d’une paralysie cérébrale, ayant une répercussion au niveau des membres inférieurs. Cela engendre une fatigue musculaire plus importante, une spasticité et des problèmes de coordination. Depuis 2016, il enchaîne les titres nationaux. En 2021, le sprinteur connaitra sa première finale paralympique lors des Jeux de Tokyo 2020 (4ème).
Bonjour Dimitri. Que retenez-vous de la cérémonie d'ouverture des Jeux paralympiques ?
Pour moi la cérémonie d'ouverture a été le coup d'envoi d'une aventure humaine et sportive sans précédent. C'était incroyable, dès notre descente du bus nous avons été accueillis par la Patrouille de France venue survoler les Champs Elysée. C'était comme dans un rêve, puis à l'approche de la place de la Concorde nous avons été accompagnés, que dis-je ; adulés par une foule en liesse, là pour nous témoigner de son amour du drapeau et de nos jolis costumes tricolores. Puis est venu le moment du défilé sur la place...Quel moment, c'était si galvanisant, je crois que si j'avais dû faire mon 100m sur cette place, je battais le record du monde tellement l'énergie transmise par le publique et partager avec les collègues était incroyable. Partout où je posais les yeux il y avait un Français ou une Française pour envoyer des rafales d'amour. C'était si beau.
Quels souvenirs de votre compétition ?
Pour moi, sportivement parlant, Paris 2024 restera un objectif non atteint. Je venais pour le podium et j'ai malheureusement butté sur plus forts que moi ce jour-là. Cependant, j'ai préparé et couru à Paris en respectant mes valeurs, en donnant le meilleur de moi-même jusqu'à la ligne d'arrivée. Je n'ai aucun regret.
Sur le plan humain, je retiendrais les 70 000 personnes venues m'encourager, le stade prêt à exploser à l'annonce de mon nom. Quel souvenir là aussi. Puis il faut dire que le Stade de France comme écrin pour accueillir nos performances c'était un privilège !
Par rapport à vos attentes, vous diriez que les Jeux paralympiques de Paris 2024 sont…
Une réussite totale sur tous les plans ! La nouvelle référence des Jeux Paralympiques modernes.
Quels souvenirs de Paris 2024 dans leur ensemble ?
Je garderais de Paris 2024 comme une parenthèse unique dans une vie. A titre personnel ces JP font partie d'un de ces moments de vie où vous vous dite : "suis-je vraiment en train de vivre ça ?". C'était une telle fête sportive et humaine.
Du Village Olympique ?
Je garderais un doux souvenir du village. Un havre de paix au milieu du tumulte médiatique et populaire (plus qu'agréable, mais assez prenant et éprouvant !). Au-delà de ça, je retiendrais l'accueil des équipes de Paris 2024 ainsi que le dévouement des volontaires qui faisaient tout pour qu'on passe la meilleure quinzaine possible !
Et par rapport à vos Jeux précédents à Tokyo ?
C'était le jour et la nuit ! Je suis passé de 0 personnes dans les stades à 70 000 personnes qui craillaient mon nom, de la distanciation sociale à la liesse populaire et aux selfies à tour de bras !
Est-ce que, ce qui se passe au village, reste au village ?
Oui ! Motus et bouche cousue ! Non, en réalité il s'agit d'une zone de paix et de partage et de respect dont le monde devrait s'inspirer !
Est-ce que des membres de votre famille, des amis ont pu venir vous soutenir ?
Oui, tout le monde était là ! Collègues, amis, famille, c'était formidable de partager ça avec eux. C'est aussi une forme de récompense et de privilège de pouvoir courir et vivre notre passion à la vue des gens qui nous aiment le plus !
La chose / un petit secret / l’anecdote que vous n’avez pas dite ?
J'étais blessé à 2 semaines de ma course. La rééducation a été un contre la montre, mais j'ai pu courir et donner le meilleur de moi-même donc pas d'excuses !
Avez-vous pu assister à d’autres épreuves ?
Difficilement pour être honnête ! Ayant fini tôt j'ai été très sollicité par la suite, puis j'allais encourager les copains de l'athlétisme, au vu de la taille de la délégation d'athlé, c'était difficile d'aller ailleurs qu'au stade, il y avait toujours un copain à aller encourager.
“LA photo” des Jeux que vous avez prise avec votre smartphone.
Quelle place vont avoir dans votre vie ces Jeux à domicile ?
Un souvenir indélébile et un privilège immense d'avoir pu contribuer à faire de ces Jeux une fête historique dans l'histoire du sport.
Un mot pour qualifier votre quinzaine paralympique ?
Magique.
Comment s’était déroulée la semaine précédant les Jeux ?
J'étais à la fois impatient et inquiet de ne pas pouvoir me donner à fond à cause de ma blessure.
Comment s’est déroulé la semaine suivante les Jeux ?
C'était fou, j'ai vécu une vie de médaillé sans médaille ! Quelle vie !
Que retenez-vous de la cérémonie de clôture des Jeux ?
Un DJ set de folie !
Que retenez-vous de la Parade des Champions ?
Teddy qui se fait décorer avec en toile de fond le drapeau français flottant sous l'arc de Triomphe dans un ciel orangé par le coucher du soleil. Puis cette parade et ce dernier moment de partage c'était quelque chose ! Et Antoine Dupont qui regarde le top 14 sur son téléphone au début de la parade c'était drôle aussi !
Qu'est-ce que les Françaises et les Français doivent retenir de ces Jeux ?
Que le mot performance peut être placé à côté du mot handicap. Ainsi, nous ne devons plus être définis par nos déficiences, mais par ce qu'on est encore capable de faire.
On prend date pour les Jeux olympiques de Los Angeles en 2028 ?
Je compte bien aller reprendre chez les américains ce qu'ils sont venus me prendre chez moi !
Le mot de la fin ?
Merci pour l'amour que le public français nous a donné, merci Paris 2024. Profitons de cet élan pour rester soudés et apprendre à mieux se connaître les uns les autres pour faire de nos différences une force !
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Allez les Françaises, Allez les Français – Octobre 2024
Photos mises à disposition par Dimitri Jozwicki.
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