"Ma vie confinée" par Séréna Moglia, fondatrice de RENA
Bijoux et objets d'art en matériaux réinventés. Pièces uniques et petites séries, artisanat d'art, œuvres textiles, et ateliers DIY . Un petit monde éco-responsable, fun et créatif !
Qu’aviez-vous prévu si tout était normal ?
Je devais participer à un évènement autour des notions d’éco-responsabilité à l’université de Grenoble, la COP2, en tant que conférencière. J’aurai présenté mes créations au salon Artefact à Sochaux, où j’aurai fait mon premier défilé ! De nouveaux ateliers autour du textile et de la récupération, étaient aussi prévus dans les différents lieux où j’interviens à Besançon et je réalisais de nouvelles créations pour les boutiques.
Comment continuez-vous à travailler ?
J’ai mes machines pour coudre et tricoter à la maison donc je peux faire de la recherche, de la production. La vente et les ateliers créatifs sont à l'arrêt par contre. Peu de temps avant le confinement, j’ai refait des stocks de fils et de tissus de récupération car je voulais fabriquer de nouvelles pièces. C’était une heureuse idée !
Pour quelques projets que j’avais en collaboration, on échange par mail, téléphone ou skype.
Quel est votre prochain projet ?
Après un petit moment de vide, je me suis trouvée de nouveaux objectifs ! Principalement de la recherche créative : je souhaite faire un changement dans ma production et laisser de côté les sacs plastiques qui disparaissent (et je le dit avec joie ! ) progressivement de la circulation et qui étaient une de mes matières premières. Du coup, je vais travailler beaucoup plus le textile avec les techniques qui me sont chères : tricot, crochet, broderie. Je vais conserver mes objets phares, bijoux et nœuds papillons, et peut-être en ajouter de nouveaux…
Je prépare aussi un premier tutoriel vidéo, « crocheter une pochette estivale avec ses vieux T-shirts », pour que les férus de DIY (pensée pour mes élèves) puissent continuer à créer de beaux objets à la maison. Cela permet de se faire plaisir et de s’occuper les mains.
Je m’entraine aussi à la photo avec du matériel acheté récemment et sur lequel je dois me faire la main. Comme je suis confinée en famille, ma mère pose pour moi et elle est ravie de l’expérience !
Quelles sont vos méthodes pour vous évader ?
J’appelle les personnes qui me sont chères régulièrement, on discute, on échange… J’embête mon chat ou je le regarde faire le clown… Et puis, si j’ai un coup de blues, je sors un des vêtements un peu dingues que je préparais pour le défilé et je couds à la main, je crochète, (avec parfois une série ou de la musique en fond sonore)… il y a de la couleur, des texture, des motifs : ça me fait plaisir et ça me détend !
Un livre refuge pour oublier que vous ne pouvez pas sortir ?
En ce moment je lis « Looks d’enfer » de Ted Polhemus, un ouvrage qui synthétise les grands courants alternatifs de la mode, de 1940 aux années 2000. Il me permet de comprendre les idées et les courants sociaux qui sont à l’origine de l’apparition de certains vêtements dans notre garde-robe. Cela redonne sa profondeur à la mode en rattachant les vêtements à leur sens originel.
Je le lis au goutte à goutte pour être sûre de ne pas me mélanger les pinceaux entre les différents courants.
Sinon je conseille les Mille et une nuits (version non censurée). Ces histoires, plus ou moins courtes, font vraiment voyager et permettent de découvrir de nouveaux univers fascinants tous les jours.
Un film en VOD ou un DVD à conseiller ?
Je ne suis pas vraiment dans les films en ce moment. Je regarde des documentaires historiques sur la mode, ou ceux de la sélection «Des femmes au cœur de l’Histoire », sur arte. Ils permettent de mieux saisir ce qui s’est passé avant nous pour comprendre la société / la création actuelle et on est parfois surpris de ce passé sur lequel il y a beaucoup d’a priori. J’aime bien être surprise.
J’ai aussi regardé d’autres programmes sur arte, dans les catégories Sciences et Culture, comme « Fashion geek » par exemple. Les découvertes continuent…
Une chanson à partager pour faire remonter le moral de nos compatriotes ?
Quand j’ai un peu le blues, j’écoute souvent les chansons du film «The Blues Brothers ». Il y a tellement d’énergie débridée dedans que c’est communicatif !
Frigo plein ou file d’attente devant les magasins ?
Un entre deux. Des réserves pour une à deux semaines, raisonnables, mais qui évitent trop d’aller-retours. Et pas de ruée sur le papier toilette ou les pâtes.
Le conseil à donner ?
Prendre soin de soi et de son corps. C’est le moment de se chouchouter : cuisiner (et manger) des plats que j’aime, ça me donne le moral et beaucoup d’énergie. Bouger, même des mouvements doux, pour sentir son corps vivre et respirer ! Moi je fais du Qi Gong et des étirements.
Quelle est la première chose que vous ferez quand vous pourrez sortir de chez vous ? Après le confinement ?
Un pique-nique dans l’herbe, entre amis. Une grande promenade dans la nature, à plus d’un kilomètre de chez moi.
Et puis j’irai voir les commerces avec lesquels je travaille en centre-ville : un café, une boutique de déco, des associations… Quand je peux le faire, je préfère passer les voir directement quand il y a des questions, des choses à discuter parce que je trouve que l’échange est plus complet, plus humain.
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Photo mise en ligne avec l’accord de Séréna Moglia
Allez les Françaises, Allez les Français – Avril 2020