L’interview " Ils sont fous ces Français ! Cyril Blanchard - Premier Français à réussir l'incroyable défi de l'Enduroman"
Cyril, chef d’entreprise et sportif de haut niveau est le premier Français à avoir participé à l’Enduroman (triathlon le plus extrême entre Londres et Paris) en 2016. Cerise sur la gâteau : il bat le record de l’épreuve.
Bonjour Cyril. Pouvez-vous nous dire quel est votre métier ?
Je suis consultant, mon entreprise BEEP Consulting spécialisée en gestion de la performance et de la santé et du stress pour les sportifs de haut niveau et les dirigeants d’entreprises.
Quel est votre passion ?
Ma passion c’est la nature et les rencontres avec les personnes pour m’inspirer et me connecter avec tout ce qui m’entoure. Le sport et le triathlon effectivement pourraient être une passion mais ce n’est qu’un outil, une passerelle, en tout cas pour vivre des rencontres et être connecté avec mon environnement, la nature et tout ce qui se prête au bien-être. Le Triathlon peut effectivement être aussi une passion, mais n’est là que la conséquence de mon ouverture à tout ce qui m’entoure.
Comment arrivez-vous à conjuguer les deux au quotidien ? 24 H avec Cyril Blanchard ça ressemble à quoi ?
Comment je conjugue passion et activités professionnelles ? Une journée bien rythmée, bien organisée, je n’ai pas envie de dire bien remplie parce que globalement c’est une journée comme beaucoup de monde, le réveil à 4h30 et le coucher à 21h30, voilà des nuits de 7 heures.
Le matin 2 heures de réveil tranquille, petit déjeuner, nettoyage, rangement de la maison et puis aussi, surtout, une méditation qui va durer au moins un quart d’heure. Donc, des assouplissements, des étirements, des exercices de relaxation et de respiration.
La journée démarre, il est c’est 6h30/7h. Donc travail le matin avec une petite pause en milieu de matinée, collation, et le midi, en général, je fais du sport, plus un déjeuner évidemment.
En début d’après-midi, ça va être relaxation à nouveau, voire une sieste, courte, mais sieste quand même, et après je re-travaille sur la deuxième partie de l’après-midi.
Et la soirée, donc c’est tranquille avec ma femme, comme ça on ne regarde jamais la télé et on se regarde une petite série sur Netflix et on est couchés il est 21h30 en temps général.
Voilà une journée de Cyril Blanchard avec une séance de sport, donc le midi voir deux des fois puisque j’en intercale une en matinée et ce qui fait que je peux honorer mes rendez-vous sportif en fonction de mes enjeux, mes compétitions et mes projets.
Pouvez-vous expliquer à nos lecteurs et lectrices ce qu'est l'Enduroman ?
L’Enduroman , Arch2Arc, est une épreuve en solitaire qui se fait de Londres à Paris en courant de Londres à Douvres soit 40 kilomètres , traversées la Manche à la nage donc entre 40 à 60 kilomètres en fonction des courants et des marées et on termine à vélo entre Calais et Paris (300 kms). Le tout sans s’arrêter, en tout cas le chrono ne s’arrête pas, après libre à chacun de mettre sa stratégie en œuvre pour faire de la récupération, s’arrêter plus ou moins longtemps, mais l’objectif étant, un d’arriver et de deux de le faire le plus vite possible. Donc, on le fait seul, mais aussi avec une équipe pour nous accompagner que cela soit pour la logistique et aussi un arbitrage, l’Enduroman étant organisé par des Anglais.
Comment vous ait venu l'idée d'y participer ?
En fait, moi, je fais du triathlon depuis l’âge de 20 ans et je fais aussi du trail et des épreuves plutôt extrêmes, en tout cas endurance. A 40 ans j’ai découvert cette épreuve-là, je ne la connaissais pas avant, et comme je voulais faire pour mes quarante ans un bel Ironman, en l’occurrence le Norseman. Je n’ai pas été pris, parce que c’est un tirage au sort. J’ai été assez déçu et donc pour mes quarante ans quand j’ai vu cette épreuve d’Enduroman, j’ai dit, ben là y’a pas grand monde qui va la faire cette épreuve. Je me suis donc inscrit l’année suivante pour mes 41 ans et je l’ai terminée pour mes 42 ans. J’ai donc été le premier Français à terminer l’épreuve et puis cerise sur le gâteau, j’ai battu le record qui était détenu par un Australien en 61h30 moi j’en ai fait moins de 60 heures. J’ai fait en 59 heures et 56 minutes.
L’idée d’y participer ce n’était pas une idée prémédité, je ne connaissais pas l’épreuve, voilà donc c’est venu comme une évidence quand j’ai eu 40 ans, voilà une belle épreuve, une belle aventure surtout. Pas de compétition contre les autres, plutôt une aventure contre soi-même, moi c’est plutôt ce qu’il me plait dans le sport, c’est l’adversité mais face à soi-même pour aller chercher ses limites, voire les dépasser et l’idée d’y participer et devenu une évidence, et puis partir d’un point A pour arriver à un point B, ce n’est pas une boucle en fait, il faut partir de Londres pour arriver à Paris, il y a avait plein de symboles pour moi et la traversée de la Manche à la nage , je dois dire que c’est quelque chose que je connaissais depuis que j’étais gamin, dont je rêvais non pas pour le faire, mais ça me faisait rêver en tout cas, et ben, finalement je me suis dit : « Pourquoi pas moi ».
Quelle a été votre préparation pour une telle épreuve ?
Ça a été une année de préparation spécifique pour cette épreuve. J’ai commencé au mois de juillet 2015 et puis au fur et à mesure que je me suis préparé au niveau physiologique, je me suis dit qu’il fallait que je m’entoure de personnes pour réussir cette épreuve. Donc un entraîneur pour mes plans d’entraînements. Ensuite, au mois de septembre je suis allé voir un préparateur mental qui a bien voulu m’aider et qui m’a énormément aidé pour ce projet-là. Ensuite quelqu’un pour gérer la gestion du sommeil parce que je ne savais pas trop comment appréhender cette récupération, donc je suis allé voir le spécialiste du sommeil en France, qui s’appelle François Duforez à Paris. Je suis allé voir un nutritionniste aussi, un des meilleurs Français, Anthony Berthou qui prépare les entraîneurs fédéraux de la Fédération Française de Triathlon qui a bien voulu m’accompagner dans ce projet-là. Et puis toute une équipe pour m’accompagner pendant l’épreuve, des amis, ma femme Laurence et puis c’est grâce à eux que j’ai pu faire cet exploit puisque, sans eux évidemment, pour moi en tout cas, jamais j’aurais pu terminer une telle épreuve.
Seul comme on dit souvent, on va vite, mais là comme il fallait durer et aller loin il fallait être ensemble. Avec une équipe on va plus vite, ensemble on va plus loin. Je me suis approprié ce poncif pour réussir cette magnifique épreuve.
Comment s'est déroulé le jour J ?
Le départ, c’est à Marble Arch, il est 23 heures et donc j’ai 24 heures pour terminer la course à pied et récupérer pour partir ensuite à l’eau. Donc le lendemain, et me « jeter » dans la Manche pour traverser cette « impossible ». Donc j’ai fini par réaliser en 14 heures 30 pour atteindre les côtes Françaises. Puis après une récupération de 6 heures, donc en gros je suis parti après à vélo. Il me restait 13/14 heures pour battre le record et j’ai fait le vélo en moins de 14 heures. Et voilà donc 60 heures d’épreuve qui sont passées relativement vite avec des imprévus comme une tempête durant la traversée de la Manche mais bon tout c’est relativement bien passé.
Quels conseils pouvez-vous donner aux personnes voulant se lancer dans une telle épreuve ?
Le premier conseil que je donne est de lire le livre que j’ai écrit parce que j’en ai écrit un livre que l’on trouve sur Amazon, à la Fnac… C’est le meilleur conseil que j’ai envie de donner parce que dans ce livre, j’y ai tout mis. J’ai mis qui je suis pour comprendre un peu le mental qui pousse une personne à faire cette épreuve, qu’il faut une force mentale bien évidemment.
Ensuite comment je m’y suis préparé : il y a toute une logistique, une préparation physiologique, mentale, d’organisation pour pouvoir aussi vivre la vie au quotidien, vie professionnelle, vie familiale et puis je raconte à la fin comment s’est passée l’épreuve quoi, parce qu’il y a plein de choses que l’on ne peut pas imaginer quand l’on regarde ça de l’extérieur dans ce livre qui s’appelle « Aimer et atteindre le sommet ».
Que retirez-vous personnellement d'une telle expérience ?
Il y en a plein mais si je devais en retenir une, bah ça serait la force du mental évidemment puisque que l’on me dit souvent que si j’ai réussi cette épreuve c’est parce que j’avais un mental au-delà de la norme. Le au-delà de la norme, je ne sais pas, mais en tout cas une chose est sûre, ça se prépare et ça entraîne le mental comment s’entraîne le corps en musclant son mental et son état d’esprit, il est clair que l’on arrive à dépasser des limites que l’on n’imagine même pas et c’est à la portée de toute le monde puisque moi je n’ai pas de condition physiologique ou musculaire au-delà de la norme. Mais en tout cas une grosse préparation et une détermination à toute épreuve.
Quelle personnalité vous inspire dans votre quotidien ?
En fait je vais raconter une rencontre au cours de ma préparation de l’Enduroman, car au mois de septembre de l’année 2015, je croise le parcours et ce n’était pas un hasard pour moi, car je suis allé le voir, j’ai croisé donc Philippe Croizon qui était le premier à traverser la Manche sans bras et sans jambe donc quelque chose d’assez incroyable. Donc je suis allé le rencontrer pour comprendre ce qui fait qu’une personne comme Philippe, qui a un handicap plus que sévère, trouve la passion, la détermination et la volonté de traversée une Manche qui est déjà bien impossible pour le commun des mortels et lui comme il la fait je suis allé le rencontrer et c’est quelqu’un qui m’inspire au quotidien. Comme il dit : « Tout est possible ».
Votre devise ?
Je n’en ai pas une particulière, par contre c’est vrai qu’au quotidien ce qui m’anime moi c’est l’action. Si je devais partager quelque chose, c’est plutôt que de se poser trop de question et de faire trop d’analyse et d’anticipation, de gestion, de prévoir des risques etc….
Moi j’invite vraiment les gens à tester et à Oser et effectivement qu’on réussisse où qu’on n’y arrive pas dans ses projets en fait tout est enseignement. Si on est arrive c’est un vrai plaisir, mais si on échoue, tu en apprends tellement que rien nous empêche de recommencer.
C’est qu’en tombant que l’on se relève.
Un rêve inassouvi ?
Celui que je ne connais pas encore. J’aime les rêves, j’aime surtout les réaliser. Alors, beaucoup pensent que les rêves sont là juste pour nous apporter un songe, une chose qui est de l’ordre de l’irréel, quelque chose qui est de l’ordre de la nuit, ben en fait moi les rêves que je fais la nuit, si il me disent que je peux les atteindre en plein jour, je ne me prive pas de les atteindre pour ceux qui sont pas encore réussis ou atteints sont à venir et un particulièrement est celui d’avoir un enfant avec la femme que j’aime.
La question que vous auriez aimé que je vous pose ?
En fait, tu l’as posé mais j’ai répondu un peu à côté, c’est la personne qui m’inspire au quotidien. Moi, il y en a une qui me fait me lever chaque jour en tout cas et c’est Laurence, c’est mon épouse avec qui je partage ma vie et chaque matin c’est un rayon de soleil. J’ai la chance d’avoir une femme qui sourit tout le temps, qui a une énergie incroyable. Cette énergie je ne sais pas où moi-même d’où elle la prise, mais en tout cas moi j’en prends une grande partie pour pouvoir justement réaliser mes rêves, mes projets et grâce à elle j’atteins des choses qui me paraissait seul complètement irréalisable et grâce à elle et à sa confiance je les atteins et je l’en remercie chaque jour pour toute cette énergie et cet amour qu’elle me donne.
Le mot de la fin ?
Le mot de la fin ? Et bien à bientôt dans de nouvelles aventures et si vous voulez les suivre, et bien avec grand plaisir sur les réseaux sociaux. Si le livre vous séduit, ou du moins vous donne envie, n’hésitez pas, il est en vente sur mon site internet et je le dédicace avec un mot personnalisé pour chaque personne.
Et merci au site Allez les Françaises Allez les Français et à l’interview « Ils sont fous ces Français ! » parce que c’est une très belle initiative que vous avez eue et c’est la folie qui parfois fait faire de grandes choses aux hommes et en France on fait de belles choses même si on manque un peu de fous. En tout cas la France a un vivier de gens qui font des choses incroyables donc merci à vous pour cette interview.
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Allez les Françaises, Allez les Français – Novembre 2019
Photos mises en ligne avec l’accord de Cyril Blanchard.
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