L’interview Egalement Championne Rétro : Félicia Ballanger, coureuse cycliste sur piste, triple médailles d’or Olympiques et dix fois Championne du Monde

Bonjour Félicia. Brièvement et pour les plus jeunes, pourriez-vous revenir sur les grandes lignes de votre carrière ?

J’étais membre de l’équipe de France de sprint en cyclisme sur piste entre les années 1988 et 2000.

J’ai gagné 3 médailles d’or olympiques (Atlanta 1996 en vitesse et Sydney 2000 en vitesse et 500 mètres).

J’ai gagné également 10 titres de championne du monde élite (5 en vitesse et 5 au 500 mètres) en 1995, 1996, 1997, 1998 et 1999.

Quel est votre premier souvenir lié au sprint sur piste.

Evidement sur la piste de La Roche sur Yon, la première sur laquelle j’ai roulé.

Vieille piste en béton de 454m et peu relevée, les sensations entre le haut et le bas dans les virages et le pignon fixe ont eu leur effet.

Félicia, dans quelles conditions avez-vous commencé le sprint sur piste ?

J’ai commencé à l’école de cyclisme à 12 ans sur un vélo de route où mes qualités de sprinteuse se sont vite vues. Il y avait par chance un vélodrome à La Roche sur Yon et un 1 er éducateur qui a su me proposer d’essayer et me montrer ma voie.

Intéressée par un autre sport à l’époque ?

Oui je pratiquais le Handball depuis l’âge de 6 ans, j’ai plusieurs années essayé de concilier les deux car j’étais très attachée au Handball également jusqu’à la saison où j’ai raté une sélection au championnat du monde junior sur piste car je n’avais pas fait de vélo de l’hiver…mais du hand.

Félicia Ballanger décrocha le titre Olympique du 500 mètres à Sydney en 2000 en 34"140

Quelle personnalité vous a inspiré ?

Les sportifs qui gagnent d’une manière générale.

A quel moment avez-vous pris conscience que vous pouviez remporter des titres internationaux ?

En fait à 13 ans au 1 er championnat de France que j’ai disputé j’ai fait 2 e , après tout s’enchaîne naturellement, première sélection en équipe de France junior ratée comme expliqué plus haut, mais l’année suivante à 17 ans j’étais championne du monde juniors…le passage en élite fût bien évidemment moins simple mais dès mon 2 e championnat du monde dans cette catégorie j’étais dans le carré final.

Le plus difficile ne fut pas d’en prendre conscience mais de le faire.

Le moment qui a changé votre carrière ?

A chaque étape de ma carrière il y a eu des rencontres qui ont apporté des changements qui m’ont permis d’aller plus loin. Des éducateurs de clubs qui croient en toi et donnent de leur temps sans compter pour te propulser à l’étape suivante aux rencontres décisives pour atteindre la haute performance comme bien évidement Daniel MORELON, Gilbert AVANZINI et Philippe RAIMBAUD, les 3 piliers de la transformation de ma carrière de sportive de haut niveau en carrière réussie au plus haut niveau.

Votre plus grande fierté ?

Mes fils Charles et Hervé !

Avoir réussi ma carrière sportive mais aussi ma vie personnelle.

Le moment où vous vous êtes senti la plus forte ?

En 1999 au championnat du monde à Berlin, j’avais tellement travaillé mentalement sur mon objectif final les JO de Sydney que la consigne à Berlin était de décourager les adversaires, avoir l’air intouchable ! Je crois que j’ai réussi.

Le moment où vous vous êtes senti la plus seule ?

Seule n’est pas tout à fait le mot, mais pendant les années d’échecs, 4e (Chpt du monde 91 et JO 92) et de blessures en 93 ça n’était pas facile, il a fallu, encaisser, s’accrocher, se remettre en question et bosser en plus. Avec le recul ces années ont certainement bénéfiques pour la suite.

On a vite fait de passer à la suivante si vous ne faites pas l’affaire !

La plus belle victoire de votre vie ?

Emotionnellement mon 1 er titre de championne du monde de vitesse en 1995 à Bogota (tellement attendu…).

Mais aussi mon 1 er titre Olympique à Atlanta en 1996.

Votre meilleur moment sur une piste ?

Chaque victoire d’un titre mondial ou Olympique fut un grand moment je soulignerais le championnat du Monde de 1998 à Bordeaux où le fait d’être à domicile avait une saveur particulière mais il y a eu d’autres moments très agréables lors de compétitions sur piste avec moins d’enjeu mais très appréciables comme les six jours de Grenoble, ceux de Nouméa où j’ai fait ma dernière course, l’Open des nations à Bercy et une soirée sur la piste de La Roche sur Yon où les meilleurs pistards du monde étaient réunis pour une soirée gala.

La plus grosse frustration de votre carrière ?

Perdre un titre mondial en 1994 à Palerme à la photo finish dans la belle sachant que j’avais une roue d’un diamètre plus petit puisque j’avais cassé mon vélo quelques jours avant le championnat.

Ce que vous avez fait de plus fou sur une piste ?

Rien.

Le plus gros moment de tension que vous avez vécu dans votre carrière ?

Ma dernière compétition aux JO de Sydney où je perds une manche en finale. Perdre la belle m’aurait laissé un goût très amer et un sentiment d’inachevé de ma carrière.

La chose la plus improbable qui vous est arrivée sur une piste ?

Me faire transpercer par une latte de bois lors d’une chute sur le vélodrome de Hyères en 1993.

Quel regard portez-vous sur votre carrière ?

Une carrière intense qui a comblé mon rêve sportif.

Quel est votre rêve inassouvi ?

Faire les JO d’été et d’hiver et faire les JO en France…

Une rencontre qui vous a marqué ?

Ray Charles à Atlanta sur un plateau TV.

La décision de carrière que vous regrettez ?

Pas de regrets

Félicia Ballanger, responsable de l’organisation antidopage en Nouvelle-Calédonie, et Richard Donnadieu, médecin du sport à la DJS et préleveur

Votre arrêt de carrière ?

En 2000 après les JO de Sydney à 29 ans.

L’après-carrière. Je suis professeur de sport au sein du ministère des Sports & JOP.

En poste en Vendée de 2000 à 2003 puis depuis en Nouvelle Calédonie.

La pistarde actuelle qui vous ressemble le plus ?

Mathilde Gros écrit actuellement une histoire qui ressemble à la mienne, en tous cas sur sa première partie de carrière.

Quelle place occupait le sport dans votre jeunesse ?

Une grande place j’avais une activité sportive tous les jours de la semaine.

Et maintenant ?

Beaucoup moins malheureusement.

C’est quoi 24 heures avec Félicia Ballanger aujourd’hui ?

Travail : chargée de mission sport au haut-commissariat de la République en Nouvelle Calédonie, toujours au contact des sportifs et des associations sportives.

Famille : J’essaie de transmettre les valeurs du sport à mes deux fils et de leur donner le goût de réussir et de l’objectif de s’épanouir dans les choix qu’ils feront.

Un peu de bénévolat dans une école de cyclisme, avec le recul je me dis que tout le temps que l’on m’a consacré dans les clubs où je suis passée je peux bien à mon tour essayer de transmettre le goût du cyclisme à des enfants et leur donner de mon temps.

Le meilleur conseil que l’on vous a donné ?

« Aller chercher les compétences où elles se trouvent ».

L’entraîneur qui vous a le plus marqué ?

Daniel Morelon, il m’a accompagné tout au long de ma carrière, il correspondait au type d’entraîneur et de coach qu’il me fallait pour réussir.

Une phrase d’entraîneur qui restera gravée ?

« On ne gagne pas les Jeux Olympiques les mains en haut du guidon !!! » Daniel Morelon 1992 JO Barcelone. Il s’adressait à moi bien sûr !

Le conseil à donner à un jeune ?

Rêver, travailler, persévérer.

Un/e sportif/ve qui vous inspire actuellement ?

Je reste passionnée de ma discipline donc reste très attentive aux performances de Mathilde. J’ai été de longues années déçue car ma discipline par manque de résultats était moins suivie, par les médias donc par le public.

Voir Mathilde évoluer me replonge quelques années en arrière où j’étais en quête de solutions pour maîtriser ma discipline à 100% et me fait revivre pas mal d’émotions.

L’anecdote que vous n’avez jamais osé raconter ?

J’aimerais que l’on se souvienne de moi...pour mes performances.

Ses réseaux sociaux

 

Twitter : https://twitter.com/FeliciaBallang4

Allez les Françaises, Allez les Français – Février 2023

Photos : La France qui gagne, Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie

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