L'interview Objectif J.O : Sébastien Lepape, membre de l’équipe de France de short-track lors des Jeux Olympiques de Pékin 2022

Crédit photo : Dominique Lepape

Bonjour Sébastien, tout d’abord félicitation pour cette sélection ! Quand as-tu appris cette formidable nouvelle ?

J'ai appris la nouvelle officiellement le 19 janvier à l'issue de la
commission du CNOSF. La fédération avait déjà fait une proposition en
ce sens début janvier mais nous nous devions d'attendre l'annonce du CNOSF qui fait office de sélection.


Ta participation, un objectif ou un rêve ?

Je ne pense pas qu'on puisse parler d'un rêve à la troisième
participation. C'est bien souvent le cas lors d'une première
participation, et c'était en effet mon cas pour Sotchi, mais pour une
troisième fois, je parlerais plutôt d'un objectif, bien que je n'aime
pas tellement utiliser ce terme. Je dirais que c'est plutôt l'issue de
quatre années de dur travail et une nouvelle chance de faire briller
les couleurs de la France pendant une compétition dont la grandeur
n'est plus à démontrer.


Peux-tu rapidement nous présenter ta discipline, le short-track.

Avant tout, le short-track est le plus beau sport du monde. Sauf en
hiver, parce qu'il fait froid. Sauf en été parce que ça fait mal aux
jambes. Et sauf entre les deux, parce que ça fait aussi mal aux
jambes. Sinon rien de plus simple. Une patinoire, une piste ovale de
111,12m, 4 à 8 débiles complètement toqués sur une ligne de départ et
l'objectif est d'être le premier de ces débiles à franchir la ligne
d'arrivée.


Peux-tu nous dire quelques mots te concernant et depuis quand pratiques tu ce sport ?

Me concernant, je fais partie de ces débiles qui prennent le départ
depuis bientôt 14 saisons sur la scène internationale. Mon attirance
pour le sadomasochisme dure depuis plus longtemps que ça puisque j'ai décidé de mettre mes pieds dans ces patins très inconfortables en 2002. J'ai participé à Sotchi en 2014 et PeyongChang en 2018. J'ai
fini 4ème des derniers championnats du monde mais je ne sais pas jouer de cornemuse. Je chausse du 46, j'ai une carie sur la 7ème dent et mes petits camarades d'entraînement se moquent de mon look vestimentaire. Je n'ai toujours pas compris pourquoi...


Est-ce que la situation sanitaire a impacté la pratique de ton sport et comment te prépares-tu pour ces Jeux en cette période ?

La question serait plutôt de savoir sur quoi la situation sanitaire
n'a pas eu d'impact? Peut être sur le cerveau de toutes les personnes
qui n'ont pas compris qu'on avait une seule planète et qu'il fallait
en prendre soin. Je ne dis pas qu'ils sont nombreux, je dis juste que
je gagnerais mon temps à compter les grains de sable à la plage. Pour
le reste, je crois que cette crise sanitaire a impacté plus que de
raison l'ensemble du monde qui nous entoure, y compris la pratique
sportive. Et je me sens chanceux de faire partie de cette minorité
pour qui les dégâts ont été très limités.
Pour le reste, je me prépare de la même manière que si ça avait été en
août ou sur la lune, c'est à dire à l'entraînement et en étant le plus
consciencieux possible.


Quel est ton objectif pour les Jeux de Pékin 2022 ?

Mon objectif ultime ? Ne pas attraper le covid. Je crois que c'est la
première chose et ce qu'il y a de plus important.


Comment gères-tu le petit mois qui te sépare des JO ?

Comme celui d'avant. Je me lève le matin, je prends un bon petit dej
et je me lave les dents. Le midi, je mange pas mal avant d'aller faire
la sieste. Le soir, je mange beaucoup pour récupérer avant d'aller au
lit. Au milieu de tout ça, je m'entraîne comme un petit cochon d'Inde
et je fais en sorte de ne rien laisser au hasard. Ah! Si. Une chose
supplémentaire: j'ai laissé ma vie sociale au placard. Vivement le
retour.


Le moment le plus intense que tu as vécu en regardant les Jeux ?

Il n'y a pas un moment plus intense que les autres. Dans notre
discipline, chaque course est un petit bijou. Aux Jeux de manière
générale, chaque Français(e) engagé(e) est source d'inspiration.
Chaque victoire est un sourire partagé. Chaque défaite est un coup
encaissé ensemble. Que ce soit à la télé, au bord de la piste ou dans
l'arène, je vis chaque moment avec mon âme. Je suis un passionné de sport.


Personnellement ça va être ta 3ième participation aux Jeux olympiques. Quels enseignements en tirer ?

Que le proverbe jamais 2 sans 3 tient donc toutes ses promesses ? Ce n'est pas ma troisième participation qui me fait tirer quelconque
enseignement. J'ai passé ma carrière à apprendre. Chaque jour à
l'entraînement est un enseignement. Chaque course disputée depuis près de 20 ans l'est aussi. Et dans la vie c'est pareil. On apprend sans
cesse, je grandi et je muri au fil du temps. C'est ça mon enseignement.


Une phrase pour définir les Jeux Olympiques ?

C'est une compétition de rêve qui m'a donné un but dans la vie et qui
a donné un sens à ma carrière.


Sébastien, le mot de la fin.

Merc i! Merci à toutes celles et ceux qui ont participé de près ou de
loin, ponctuellement ou depuis toujours à la carrière que j'ai
réalisée aujourd'hui. Merci à toutes celles et ceux qui me suivent
depuis peu ou depuis le début. Merci à tous les partenaires qui ont pu
m'accompagner dans ce projet. Merci à mes parents, qui sont un peu les trois. Merci à ma famille et mes amis qui croient en moi. Et merci
aussi à ceux qui n'y croient pas, moi non plus je ne crois pas en vous !

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Facebook : https://www.facebook.com/seb.lepape

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